Sortie des paradigmes de la publication, de l'édition, etc.

Je le voyais dans les premiers sites Web traitées par les premières agences, un push du graphisme, puis virtuose avec le Flash.
Le Web a commencé par être traité comme une plaquette commerciale ou de branding animée.
Cette impossibilité à se détacher du papier et de l'image, marque la cécité de mes amis et collègues issus de la génération "multimédia", révolue, leur infirmité à voir les points où se situe la création d'aujourd'hui et où appliquer son intelligence.
J'ai commencé mon éducation des choses en deçà des années 2000, et des comportements qui apparaîtraient comme comique aujourd'hui, mais que le personnel des agences des années 90 prenaient au sérieux, et que je prenais sérieusement au comique dans ces années là, sans leur montrer.
Le traitement de l'image du navigateur comme un écran de 16/9ème, ou le positionnement divin ou inspiré en pixel de chaque terme; de chaque photo.
Quelque part...
Depuis l'invention du premier navigateur web Mosaic et de son fier descendant Netscape, avoir ouvert le Web au graphisme était perçu comme son infaillible nouveauté.  Las, il fallut attendre d'un autre côté 15 années pour que l'attractivité et le bon sens des liens soient découverts à leur juste mesure par les professions de l'entertainment.
Le terme anglais est Newspaper, et la première chose que Vint Cerf répondit aux journalistes, c'est de commencer à détacher le terme de news de paper. Il a du aussi insisté aussi sur les notions de flux, ces dernier étant proprement irrésistibles.

"I'd like to suggest to you that the term newspaper should be broken into two parts, news and paper. The paper part needs to be put aside for a moment, as it is only one of many potential distribution methods. The news engine is independent of the delivery mechanism, or it should be…. when you move into the online environment you know that deadline is a bit of a funny word, or at least it should be because it can go as soon as it's editorial accepted. The notion that news is continuous as opposed to an episodic thing has a lot of dramatic effects on the consumers of that information."
Pour les dernières générations, il leur faudra apprendre à décoller les yeux du Web ou de l'image pour mieux y revenir. Acquérir cette capacité à fermer les yeux et percevoir l'information, comme une donnée abstraite, se diffuser ou non, parmi les réseaux et à se démultiplier dans les divers objets de la vie courante, qui ne sont pas des navigateurs.
Tant mieux donc si le Guardian, à présent ne se voit plus comme un représentant en copie soignée , un descendant électronique de Gutenberg mais comme une source  vive d'information avec laquelle il suffit de se brancher pour en extraire le sous-ensemble que l'on veut. Le contenu et la forme papier ou plus généralement la présentation font l'expérience d'un divorce irrémédiable. L'édition, la volonté éditoriale aussi, les efforts de prescription.
Le contenu même s'échappe du Web, des sites, pour reprendre son chemin sur l'Internet et être redistribué sur n'importe quelle plate forme quitte à emprunter d'autre forme de protocole. Puis, pourquoi pas, être repris à nouveau et reconduit ailleurs.
Personne non plus ne semble le remarquer, mais la publicité est en train de devenir une couche extrêmemt mince la plus stratophérique et finalement la moins importante au niveau création et mouvement profond du Réseau. D'ailleurs le modèle Google avait commencé de lui porter un sévère coup en favorisant l'expression textuelle de celle ci et en réduisant son espace.
La publicité est devenu un accompagnateur dont on peut se passer ou non.
Le contenu, à présent, va devenir un ou plusieurs couches d’une offre technologique et la pub juste une écume au-dessus de cet empilement. Et jouant avec l'ensemble, de véritables inconnus, créateurs, nullement célèbres, portant n'importe quelle identité.
Il est normal que des publications, comme le Guardian ou le NYT qui ont une offre globale thématique très large soient les premières en acceptant l’ouverture à retirer un bénéfice d’exposition pour leur marque et un certain revenu publicitaire. Viendront, les autres publications et les autres offres, chacune avec son API, porte ouverte aux extractions de leurs articles, de leurs photos, de leurs musiques, de leurs vidéos, de leurs films.
Rip/Mix/Burn voilà le mot d’ordre.
On peut imaginer que demain, l’immense majorité des utilisateurs auront des outils sur leur micro-ordinateurs pour communiquer avec ces API de grand quotidien, en faire un mix quotidien automatique, qui sera redistribué par couverture Wifi globale sur leurs mobiles, tablettes (hélas pas le Kindle, qui l’interdit), sans qu’ils aient à y penser, etc.
Combien de personnes ont voulu faire croire et valoir que seul le travail que l'on rendait le plus visible était la valeur la plus ajoutée. Le paradigme de l'édition est en train de disparaitre, et cela risque d'être difficile car cela va toucher les éditeurs de presse dans leur coeur.
Mais enfin, tant de chose existent sur cette planète qui semblaient libre d’accès ou naturelles, ont été destinées à l’exploitation, et leur coût pour la population et le système écologique, jamais reconnu jusqu'à présent.
Tant d’outils et de normes, que l’on ne paye pas. Qui a payé pour la conception d’outils, de protocle tels que le TCP/IP, le DNS, le WEB, le Mail, le navigateur, etc. ? Pas le public, en tout cas, et pourtant insensiblement une source de richesse est née pour tout le monde.
Curieux que certains n'ont jamais cru qu'on allait leur demander un sacrifice.

Commentaires

  1. Salut Thierry

    Au bout de cette logique, il n'y a plus d'éditeur de presse en effet (au sens français), et il n'y a plus vraiment de marque de presse non plus.

    Le NYT devient une agence de presse qui place sa production sur une base de données en ligne et de multiples "agents" viennent puiser à l'intérieur pour disséminer cette production sur toutes sortes de terminaux et d'interfaces.

    Mais on n'a pas réglé la question du financement de cette production initiale dans ce modèle de diffusion...

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  2. Salut Narvic, merci d'être passé.

    C'est vrai, le financement est en cause.
    On est d'accord.

    Ce qui suit est un avis personnel, sujet à débat.

    Nous ne sommes pas au bout des technologies.
    C'est vrai qu'aujourd'hui, la pub est juste un "scratch on the surface" dans son utilisation sans grand génie en ligne, le seul qui ait un peu de puissance c'est Google avec ses injections de liens payant couplés aux termes de recherche, qui fonctionne comme une sorte de publicité à l'envers : "je paye pour de l'audience, car cela me couterais plus cher de passer par d'autres types de diffusion de message"

    La création de type de rémunération de contenu différents passeront difficilement par les concepts "à la surface" mais beaucoup plus surement par les technnologies à venir, dans les tuyaux donc.

    Le fait de se mettre dans les tuyaux opérationnels par API, c'est être prêt à être véhiculés en compagnie des modes de rémunération de demain.

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