Les mauvaises habitudes de l'élite journalistique

Lorsque pour une élection, la défaite annoncée ne convient pas à la pensée dominante des médias de l'ère industrielle (presse, radio, télévision) le poids et la faute de ces décisions sont systématiquement reportés sur le manque de rationalité des citoyens.
Le dernier article de l'immense chroniqueur Thomas Friedman au New York Times est une démonstration involontaire de ce principe.

Ce grand homme contemple avec tristesse et un peu de résignation le fait que la majorité des candidats républicains ont pris une confortable avance dans les sondages. Et qu'on n'y peut plus grand chose, tant nous sommes proches de l'échéance des élections intermédiaires aux Etats-Unis.

Son jugement se porte alors sur les mauvaises raisons, pour faire plus précis, l'époque Bush, qui ont conduit ce pays à la stagnation économique actuelle. Les américains, en votant pour les républicains, continueraient de voter pour de mauvaises idées et de mauvaises mesures, il faut donc à tout prix qu'ils en prennent conscience, ces égarés...

Et Thomas Friedmann de citer un rapport universitaire salvateur : livre raisonné de constats et de mesures qui tirerait l'Amérique du mauvais pas et... oh surprise... dont certaines des mesures proposées seraient déjà appliquées par la Maison Blanche...
La ficelle est ici tellement grosse que je n'ai pas pu m'empêcher de sourire.

Un des points que n'ont pas su organiser les régimes démocratiques c'est d'éviter de se construire au fil du temps en société du mépris, comme les autres. Il y a toujours plus petit ou plus faible dans les hiérarchies officielle ou informelle des individus, et il y a donc toujours à mépriser pour son propre contentement et sa paix de l'âme.
Thomas Friedman n'échappe pas à ce comportement, à vrai dire humiliant pour quelqu'un qui se pose comme "une personne évoluée."

Une décision, un choix ne plaisent pas et le seul et unique moyen que l'on a trouvé pour s'en accommoder est de convoquer la raison comme s'il s'agissait de désigner l'électorat non pas comme fou ou insensé, mais irrémédiablement irrationnel tel un enfant qui jouerait à l'apprenti sorcier.

Et ce genre de commentateur se croit en retour adulte ?

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