Grexit - Aller simple


Selon une dépêche de Reuters du 14 juillet au soir, d'après la fuite d'un rapport récent du FMI, la fermeture des banques et l'établissement de contrôle des capitaux auraient quasi paralysé l'économie grecque au point de faire dériver dans les projections la dette du pays vers un pic de 200% dans deux ans.

Le FMI analyse qu'un allègement conséquent ou une période de grâce de 30 ans sur le service de la dette devraient être accordés. 

Information intéressante dans la même dépêche de Reuters : selon une source de l'Union Européenne, ce rapport était connu dès samedi des ministres des finances lors de la réunion de l'Eurogroupe et bien évidemment lors de celle des chefs d'Etat.

D'après une analyse du Telegraph, le FMI serait prêt sans décision en ce sens à soustraire sa participation à ce dossier si le conseil de la zone euro ne changeait pas son orientation actuelle qui est celle d'un rejet pour l'instant de toute renégociation de la dette grecque.

D'autres données de base très accessibles sont aussi très révélatrices, selon ce post d'un blog du Financial Times le ratio de la dette grecque se serait accéléré ces dernières années non par l'augmentation de cette dette mais par le déclin violent du PIB du pays. En fait la dette grecque n'a cru que de manière marginale depuis 2009 et est même la seule à avoir opéré un retrait depuis 2011. Toujours d'après ce billet, la Grèce est aussi le meilleur élève au niveau austérité de la zone Euro au niveau de la coupe des dépenses publiques, 20% de réduction des dépenses publiques depuis 2009 et 30% de réduction des dépenses publiques depuis 2011. Ce qui a définitivement tué les revenus de l'Etat semble être la baisse drastique de l'activité économique qui s'est produite à la suite de ces coupures.

Un article remarquable du Financial Times de Wolfgang Munchau, offre la nouvelle saveur de  l'Union Européenne, l'auteur pense que la brutalité des créanciers de la zone euro a détruit l'âme du projet initial : une union monétaire qui devait aboutir à union démocratique.
Après avoir simplement remarqué que l'euro n'a pas marché pour la Finlande et que pour l'Italie il s'était traduit par un désastre industriel, si les aspirations économiques et politiques continuent d'être mises de côté, comme le prouve la défiance patente des réunions sur la crise grecque, l'Europe se retrouve avec un projet d'euro "utilitarien" qui n'est qu'une version mineure et moins efficace des mécanismes de taux de change européen précédents, déjà contraignants.

Il ne faut pas être passé à côté, non plus, d'un autre article d'Ambrose Evans-Pritchard du Telegraph, qui juge que le traitement dont a hérité la Grèce à la suite de son référendum est celui que l'on aurait concocté pour un pays hostile colonisé. Cet article suggère aussi que les deux leaders de Syriza n'avaient pas menti lors leurs explications de négociations impossibles avec les membres de la zone euro, et que la porte de sortie offerte à Tsipras pour rester dans la zone euro ne résout pas les problèmes économiques de leur pays. Ambrose Evans-Pritchard conclut sur un tableau diplomatique désastreux pour le projet européen. Un perte de crédibilité globale qui transforme l'accord pour les créanciers de la zone euro en victoire à la Pyrrhus, comme était la victoire du référendum pour Tsipras.

Ces quelques liens me semblent être les plus significatifs, il est possible que jamais l'échevau de décisions qui a conduit à ses faits ne sera démêlé, pas même pour les historiens à venir. La seule chose qui semble se dégager, c'est que les considérations de politique intérieure ainsi que le poids symbolique des errances grecques pré-2009 poussent les chances d'un Grexit prochain.

Un aller simple pour la Grèce, un autre aussi pour la zone euro et plus largement l'Union ?

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