L'Union Européenne solde les ambitions

Une roue à l'arrêt...

"La France a préféré finasser plutôt que de définir une position commune avec l’Allemagne. Il aurait fallu tenir un langage clair au gouvernement Tsipras en traçant la ligne rouge à ne pas dépasser et en définissant une bonne fois pour toutes les contreparties attendues en échange de notre aide."
C'est en ces termes qu'Alain Juppé a critiqué en plein milieu d'une crise internationale (ce qui qualifie adéquatement les négociations autour du Grexit) le Président de la République Française.

L'idéalisme Wilsonien d'un monde sans guerre, figé et hors de l'histoire, avec à sa tête les Etats-Unis d'Amérique, se trouve parallélisé par un avatar, économique celui-là, qui est la notion d'un système global régulé par les banques qui a trouvé ses derniers hérauts dans la nouvelle élite allemande, parce que l'Union Européenne a fait vœu d'emprunter cette voie à partir de l'Acte unique et que l'Allemagne a su ravir la tête du peloton.

Il est assez amusant de voir des responsables Républicains, François Fillon et Alain Juppé en tête, prendre pied à Berlin parce qu'il est fort possible de se noyer dans la course à la présidence de 2017 sans faire une démonstration d'idéalisme deloriste.

C'est par le jeu des circonstances, à la suite d'un test grandeur nature de l'Euro sur une décennie, que nous observons des politiques français de premier plan mettre leur pas dans celui de "l'égoïsme allemand" parce qu'il n'y a plus d'autre solution viable pour la continuation de cet idéal européen. Ils ont encensé la théorie, il ne leur est donc pas incohérent d'en boire la pratique jusqu'à la lie.


Pour nous en sortir, il faudrait un redressement des finances publiques françaises à la Raymond Poincaré, non pour faire plaisir à deux ou trois costumes salués dans les couloirs de la Commission à Bruxelles, non pour bercer les vieux jours du sage perdu dans les brumes sur sa montagne (Jacques Delors), mais pour le bien du peuple français, voilà qui serait véritablement égoïste.


Au passage, il n'y a pas d'égoïsme allemand, c'est une confusion qui trahit un injuste mépris vis à vis de nos partenaires d'outre-Rhin, comme il n'y a pas non plus d'inconséquence grecque, c'est aussi une pensée de surface. Il n'y a que la paresse ou l'aigreur pour motiver de tels jugements sans examen. Les bascules économiques se sont opérées sur le long terme, s'appuyant sur des différences de cadres culturel, géographique et historique.

Pour nous en sortir, il faudrait un redressement des finances publiques françaises à la Raymond Poincaré, non pour faire plaisir à deux ou trois costumes salués dans les couloirs de la Commission à Bruxelles, non pour bercer les vieux jours du sage perdu dans les brumes sur sa montagne (Jacques Delors), mais pour le bien du peuple français, voilà qui serait véritablement égoïste.

Une France qui prendrait partie de se désendetter intelligemment à cet instant, redeviendrait un partenaire économique dangereux pour ses alliés. Elle ne manquerait pas d'être l'objet d'attaques, car elle retrouverait la voie d'un certain succès, d'une certaine indépendance de ton et d'allure. Or, personne ne le souhaite vraiment, ni les médias, ni les politiques, ni les chefs d'entreprise. Qu'ils se regardent dans une glace, se pourrait-il qu'ils puissent aimer à nouveau la vieille maîtresse, lumière de leur grand-père ?

Dans un autre registre, le plan B Allemand de sortie grecque sur cinq années de la zone Euro avant de la réintégrer, était une sottise de théoricien scrupuleux. Je ne connais pas de pays qui recouvrant force économique et donc indépendance, ne reprenne goût à la vie avec une certaine ambition au cœur. Et ce ne sont pas les élites allemandes qui pourraient contredire ce fait au regard des quinze dernières années passées.


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